Je pense que de grandir dans la foi musulmane amène une certaine complexité au quotidien. Il y a certes la foi et les convictions intimes d’une part, mais il y a également des influences extérieures qui peuvent venir soit de la famille, soit de la communauté musulmane si on la fréquente de manière régulière, soit des savants (« spécialistes de l’islam ») dont on suit l’enseignement. Lorsque ces sphères entrent en collision, cela peut vite amener des conflits avec soi-même, comme avec les autres.
Il est important de comprendre que la foi et la pratique d’un musulman diffèrent énormément d’une personne à une autre. Origine géographique des générations précédentes ou de soi-même, courants auxquels on se rattache (sunnite, chiite, une école juridique en particulier, etc.) ou non, enfance passée en Suisse ou ailleurs, éducation reçue, personnalité et caractère… Tous ces facteurs influencent le rapport à la religion que l’on entretient et créent une diversité au sein des musulmans qui n’est pas négligeable. Avec ce constat les questions suivantes se posent : qu’est-ce que partagent les musulmans au sein d’une telle diversité ? Et est-il possible de parler d’« un » islam ?
Ce en quoi je crois
A priori on retrouve dans tous les courants et traditions divers au sein de l’islam, les 6 articles de la foi. 1) L’existence d’un Dieu unique, créateur de l’Univers qui est le principe fondateur de 2) Croire en l’existence des Anges et ainsi reconnaitre que l’humain n’est pas seul dans le cosmos. 3) Reconnaître l’existence des Livres sacrés qui ont précédés le Coran : la Torah, l’Evangile, les psaumes de David et d’autres encore. 4) Reconnaître tous les Prophètes (de Adam, Noé, Abraham à Moïse, Jésus, Muhammad etc.), 25 étant mentionnés dans le Coran avec la précision que davantage, inconnus, ont été régulièrement envoyés aux peuples du monde. Ce principe instaure l’idée que Dieu a en tout temps envoyé des rappels à sa création par l’intermédiaire d’humains dépourvus d’attributs divins et qui ne sont pas sacralisés, afin de se rapprocher de Lui. Ils restent des humains pour lesquels on a bien sûr une très grande - affection, particulièrement Muhammad, le dernier des envoyés et qui a achevé le cycle des prophéties - mais qui sont avant tout des exemples, des sources d’apprentissage quant au comportement et des rappels de l’existence de Dieu. Personnellement je porte un grand attachement à Moïse qui me touche tout particulièrement de par sa patience, ses craintes et son parcours. 5) L’avant dernier article est croire au jugement dernier. « Quiconque aura alors fait le poids d’un atome de bien le verra et quiconque aura commis le poids d’un atome de mal le verra » (Sourate 99, 7-8). Il faudra donc rendre des comptes sur sa gestion du temps, son comportement envers autrui et envers la Création (la nature et les animaux). Ce pilier rappelle également que le passage sur Terre n’est qu’une étape et que malgré les péchés commis, il ne faut jamais désespérer de la Clémence de Dieu tout au long de sa vie, en expiant ses fautes par de bons actes et en demandant constamment pardon. Par ailleurs, chaque Sourate du Coran commence en ces mots : « Au nom de Dieu le tout Clément, le Miséricordieux ». 6) Le dernier article concerne le Destin. Je ne peux pas vous expliquer cet article car j’ai moi-même du mal à le comprendre. Il y a par ailleurs de grands débats entre musulmans sur cette question. Mais il fait partie des 6 piliers de la foi dans tous les cas.
Mise en pratique
Au niveau de la pratique se retrouve l’idée de 5 piliers admis par la majorité des musulmans. Le premier étant l’attestation de la foi qui est la traduction en acte (paroles et intention) de 2 piliers de la foi : la croyance en un Dieu unique et celui concernant l’envoi de messagers : « j’atteste que Dieu n’est qu’un et que Muhammad est son messager » (la formulation peut varier en français mais il n’y en a qu’une en arabe). C’est par ces mots et avec l’intention qui l’accompagne que l’on se convertit et que l’on devient un musulman. Cette phrase seule justifie de l’adhérence d’une personne à l’islam.
Vient ensuite la prière. Il y en a 5 par jour quelle que soit la tradition. Mentionnée dans le Coran à de nombreuses reprises, la gestuelle est quant à elle tirée de la tradition prophétique (exemple de Muhammad) et peut varier dans les détails d’un courant à l’autre.
Le troisième pilier est l’aumône dont je ne saurais expliquer le fonctionnement exact mais qui comprend le versement d’une certaine somme à des personnes démunies. Cette somme est calculée selon un certain pourcentage et déduit du revenu du musulman, selon les besoins de première nécessité.
Le quatrième pilier est le jeûne durant le mois de ramadan. D’une durée de 29 à 30 jours, ce mois est considéré comme étant béni et sacré. Il est le mois par excellence qui invite aux bonnes actions, au bon comportement, à la spiritualité et à se rapprocher de Dieu.
Enfin, le dernier pilier est le pèlerinage à effectuer une fois dans sa vie à la Mecque si on en a la capacité physique et financière. Il résume toute à la foi du musulman et tous les piliers par l’ensemble des rituels à effectuer sous la forme d’un voyage.
Je reviendrais dans des autres articles sur le blog sur ma manière de vivre au quotidien la mise en pratique de ces piliers qui demande beaucoup d’effort, d’organisation et de patience.
Des musulmans et un islam
On remarque donc que l’on retrouve tout de même des bases communes quel que soit le courant suivi ou la provenance géographique du croyant et malgré des divergences sur certains points (manière de prier, la question du destin, la question de l’aumône, etc.) Je ne saurais lister et expliquer toutes les divergences et ce qu’elles impliquent, n’étant pas une spécialiste du domaine mais je ne pense pas que l’on puisse parler de « des islam » car il y a bel et bien une base commune qui permet de tracer un certain cadre. Mais les pratiques et les convictions de chaque musulman sont tellement différentes et variées que l’on ne peut se fier à un cas particulier, il n’y a pas de musulman « type ».
Je n’ai ici pas abordé les valeurs et les interdits mis en avant par le Coran. Je n’aime pas parler d’interdits car dans ma manière de vivre ma religion, j’adhère à une certaine éthique de vie, une manière de vivre et non comme une liste de choses que je ne dois pas faire au quotidien. Je me suis souvent perdu dans des discours trop moralisateur avec des interdits à non plus finir.