L’amour. Rare sont ceux qui n’en rêvent pas. Il y a presque autant de théories concernant le Grand Amour que de personnes : relation qui se construit dans le temps, coup de foudre, attirance physique, complicité, une grande amitié, « ça n’existe pas », « un mariage arrangé, l’amour vient ensuite ». C’est difficile d’expliquer quel genre de relation de couple fonctionne sur la durée. Mais je pense que beaucoup d’entre nous avons ce cliché en tête d’un couple de petits vieux qui se promènent main dans la main et qui se regardent avec tendresse après une vie remplie d’épreuves, de joies, de tristesse, de rire et de pleurs.
On peut bien attraper quelques conseils ici et là : « mieux vaut vivre seul que mal accompagné », « l’amour c’est comme jouer au loto », « l’amour rend aveugle », « pour faire durer l’amour il faut entretenir la flamme »… mais au final c’est par ses propres expériences que l’on se construit une vision d’un couple qui dure.
Héritage
L’islam, tel que je l’ai souvent vu être appliqué, délimite un cadre assez stricte dans les relations entre femmes et hommes. Pour ma part, j’ai le sentiment qu’il s’agisse le plus souvent d’un héritage culturel. Ça a été très difficile de trouver un équilibre entre la manière dont j’envisageais une relation, ce que j’acceptais de faire avant le mariage et ce qu’on m’enseignait comme étant des règles islamiques et ma relation avec Dieu.
Cela est d’autant plus compliqué de se retrouver en fréquentant tant de couples qui ne s’entendent pas et qui ne se respectent pas que j’ai beaucoup de mal à accepter les règles que certains musulmans mettent en avant, comme par exemple le fait d’apprendre à se connaître uniquement en présence de la famille ou des règles strictes en matière de mixité. Hors, souvent une méconnaissance de l’autre sexe amène justement beaucoup de mécompréhensions et de clichés concernant la sexualité, le dialogue et les attentes des uns envers les autres.
Je ne vais pas m’étendre outre mesure sur ces enseignements que j’ai reçu mais le concept qui me dérange le plus, est la notion de tuteur de la femme, un homme (évidement) faisant parti de la famille qui se doit de prendre un certain nombre de décisions pour celle-ci. Dans le cas du mariage, même si dans la plupart des courants, le mariage forcé est absolument proscrit et le consentement des deux époux est nécessaire, il n’empêche que certains courants admettent que sans tuteur (masculin) le mariage d’une femme est invalide.
L’idée de la femme-enfant incapable de prendre des décisions pour elle-même est malheureusement un point de vu répandu, mais il relève davantage d’un héritage culturel que religieux d’après moi. J’ai un réel problème avec ce concept, qui a donné lieu à de nombreux abus de pouvoir et qui reflète une culture qui est encore profondément marquée par le patriarcat. Mais bien évidement, ce n’est pas le cas de toutes les familles et de tous les courants ou écoles juridiques islamiques (à l’exemple du courant hanéfite et ibadites).
Al-Hawa[i]
Pour moi, il a toujours été clair qu’à partir du moment où j’envisageais une relation avec un homme, c’était dans le but du mariage. Mes convictions impliquaient également l’idée de rester vierge jusqu’au mariage. Je n’ai jamais perçu de jugement négatif lorsque j’affirmais ces principes mais ça mettait une distance physique entre moi et les garçons et un décalage par rapport aux autres jeunes de mon âge. Je n’étais jamais fermée à l’idée de faire connaissance dans le but d’une relation, mais ça n’allait jamais bien loin au vu de mes attentes.
Je n’ai aucune envie de partager des expériences sexuelles hors d’une relation monogame et stable qui est, dans mon cas, reflété par le mariage. Dans l’idéal, mon partenaire devrait se trouver dans le même cas. Néanmoins, je refuse de partager ma vie avec une personne qui ne serait pas prête à se marier avec moi uniquement car je ne serais pas vierge.
Co-naissance
Nadia Bouga dans son livre « la sexualité dévoilée » parle de co-naissance en parlant de la sexualité au sein d’un couple. J’ai trouvé cette notion extrêmement parlante. Mes lectures m’ont profondément façonné dans ma manière d’appréhender une vie de couple.
Trouver le partenaire idéal n‘est pas une question de « critères » mais de vision de la vie, de direction que l’on aimerait prendre et d’investissement tout en étant capable de faire des compromis. Il est important d’avoir des buts de vie conciliables, de connaître les besoins de l’un et l’autre et d’être capable de communiquer et discuter de tout (sexe, finance, besoins, avenir, foi, pratique, animaux de compagnie etc.), sans tabous, avec respect et calme car, l’amour est important certes, mais il ne doit pas être que fou et aveugle, sans quoi il ne résisterait pas face aux épreuves de la vie.
Pour ma part, j’ajouterais que le plus important pour choisir mon partenaire est sa croyance en Dieu car j’ai besoin de partager cet aspect de ma vie avec ma moitié.
J’ai la nette impression que notre société met de plus en plus le développement personnel en avant au détriment des autres relations. Beaucoup centrent tellement sur leur relation à eux-mêmes qu’ils en oublient l’entretien des relations avec ceux qui leur sont chers. Je suis convaincue qu’il est important de se connaître soi-même, mais faire constamment passer les autres après n’est pas sain. L’amour, la famille, l’amitié prennent du temps, de la patience, parfois des sacrifices et des compromis.
Ce rêve bleu
Il y a quelque chose de serein, de fort, de réconfortant, de divin qui se dégage d’un couple en harmonie. C’est ce que j’aimerais vivre. Un partenaire avec qui partager de nombreux moments de bonheur, qui m’aidera dans les coups durs à ne pas flancher et qui prenne soin de moi lorsque je n’en pourrais plus. Je ne lui demande pas d’être parfait, loin de là, mais j’attends de lui qu’il sache se remettre en question et prendre du temps pour moi. La foi en Dieu peut offrir une source où puiser de la patience, permet de prendre les aléas de la vie avec plus de légèreté et d’avoir la conscience d’une responsabilité vis-à-vis de sa moitié, étant donné qu’il faudra rendre des comptes à son Créateur.
En islam, l’amour conjugal ne s’arrête pas avec la mort. Un couple lié par les liens sacrés du mariage est destiné à se retrouver au paradis. Un amour éternel… quoi de plus romantique ?
[i]L’attirance